Chaque jour passé dans leur consultation, les praticiens des différents courants de la médecine manuelle libèrent des dizaines de lésions fonctionnelles, n’ayant pris souvent assez garde de définir vraiment comment ces perturbations se sont installées au sein des tissus de leurs patients, pourquoi un corps a été contraint de recourir à cette stratégie, pourquoi il n’a plus été capable ensuite de s’en libérer… M’affranchissant peu à peu de l’éclairage couramment mécaniste donné à ces lésions complexes, j’ai été amené à proposer un modèle élargi et dynamique de ces problématiques, que je nomme la dysfonction-mémoire.

 Si je m’en tiens à ce que je connais le mieux – l’ostéopathie que je pratique depuis une trentaine d’années –, je peux essayer d’exprimer pourquoi ces démarches de validation me semblent, à l’évidence, une impasse. Me poser la question de pourquoi certains de nos confrères y souscrivent. Tenter de comprendre aussi pourquoi la médecine institutionnelle cherche tant à les imposer aux « déviants ». Récit condensé d’une consultation en cabinet d’ostéopathie.
Il me faut tout d’abord revenir sur nos routines ostéopathiques pour ceux qui n’ont qu’une idée assez vague du déroulé de ces séances de soin. Je prendrai ici pour exemple une patiente qui vient nous consulter, souffrant d’une cervicalgie, comme nous en accueillons
plusieurs par jour dans nos cabinets.
Mme Pratiques, 52 ans, me décrit qu’elle ressent depuis plusieurs mois que sa nuque est complètement verrouillée, avec des tensions se propageant dans le territoire du nerf d’Arnold droit, parfois avec les signes d’une névralgie cervico-brachiale gauche assez pénible...

Ces Conversations tissulaires présentent – à la lumière des techniques de communication tissulaire – une lecture renouvelée de concepts phares de l’ostéopathie, comme ceux de dysfonction somatique, de lésion primaire, de chaîne lésionnelle, de facilitation. Tout en s’inscrivant dans la continuité de la pensée du pionnier de l’ostéopathie Andrew Taylor Still, l’auteur y propose un modèle novateur des ensembles de dysfonctions ostéopathiques comme s’organisant en systèmes d’informations, qu’il nomme « schèmes dysfonctionnels ».

Cette approche offre un champ d’expériences nouvelles pour les ostéopathes confirmés comme pour les étudiants attirés par la découverte de routines diagnostiques et thérapeutiques performantes. Elle apporte un éclairage inhabituel sur la pratique ostéopathique et reste accessible à un plus large public attentif aux nouvelles médecines.

Le texte intègre le récit souvent imagé de consultations compilées de trente années de pratique, soutenu par des notes sur les idées maîtresses mobilisées durant ce travail. Un retour plus théorique sur de grandes questions méthodologiques est ensuite développé dans une seconde partie.